L'énigme des menhirs du Larzac





Une voie « antique », bornée par des menhirs :

Sur la grande étendue calcaire du causse du Larzac, notamment au nord et à l’est de Lodève, des centaines de pierres ont été érigés, à la fin de la préhistoire, semble t’il : les menhirs. Tous n’ont pas les mêmes formes, ni les mêmes fonctions, ni les mêmes dimensions. Les distances les séparant, lorsqu’ils ont pour fonction de baliser un chemin, varient de quelques dizaines de mètres à un peu plus d’un km.

Chemins balisés par des menhirs, encore utilisés aux époques postérieures.
La Vernède, au sommet du puech
Saint-Michel-d'Alajou

La distance moyenne pourrait être d’environ 1 km, mais elle est tributaire de la géomorphologie du terrain (canaules, sotchs, sommets, cols, forêts, etc… Depuis chaque menhir, il était nécessaire de voir le suivant, et, bien sûr, le précédent pour un retour éventuel.

Menhir de la Baume des Moutons, balise encore un autre chemin
Saint-Guilhem-le-Désert


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1. Menhir de la Baume des Moutons - Saint-Guilhem-le-Désert
2. Menhir de Lacan, visible, à 1200m de celui de la Baume des Moutons - Saint-Guilhem-le-Désert


Une des principales concentrations de ces mégalithes peut se constater aux abords du domaine de la Vernède (Saint Michel-d’Alajou). A divers points de son parcours, viennent se greffer d’autres chemins bornés eux aussi par des menhirs. Un exemple : A l’ouest de la Vernède, paraissant démarrer des 3 cercles de pierres plantées de Puech Doussieu,

Trois cercles de pierres plantées, en haut
Couloir coudé, en bas à gauche
Cercle d'Azirou, en bas à droite

nous pouvons constater un « alignement » de 14 menhirs, répartis sur 7 km environ, balisant une voie vers la Vernède : Puech Doussieu n°1, 2, et 3 ; la Canourgue n°1 ; la Prade n° 1,2,3,4,5,6,7, et 8 ; la Vernède n° 6 et 7.

Chemins balisés par des menhirs, encore utilisés aux époques postérieures.
La Vernède, au sommet du puech
Saint-Michel-d'Alajou 

Menhir de la Vernède Nord (hauteur 5m)
Saint-Michel-d'Alajou


L’alignement principal,


de direction sud/ nord, à partir du domaine de la Vernède, est significatif d’une fonction évidente et bien précise, car il permet de se rendre à la Foux (résurgence de la rivière Vis), en passant par une trentaine de menhirs, visibles l’un l’autre :

menhirs de la Vernède ; menhir de la Labagne-Fournès ; des Gamboules ; de Puech-Buisson ; du Pas-de-Pertus ; du Serre-Pelé ; du Planas ; des Baumes ; du Pié-du-Causse ; du Pioch Marty ; du Plan-du-Ceisse,

       2

1. Menhir de Labagne Fournes Nord de la Vernède - Saint-Michel-d'Alajou
2. Menhir des Gamboules, au nord des précédents, au bord du chemin - Saint-Michel-d'Alajou

3    4

3. Pas de Pertus vu de la plaine de Saint-Geniès - Menhir au col - Saint-Michel-d'Alajou
4. Menhir du Pas de Pertus, environ 900m plus au nord, après le menhir des Gamboules
    Saint-Michel-d'Alajou
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5. Menhir du Pas de Pertus - Saint-Michel-d'Alajou
6. Menhir des Baumes - Vissec

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7. Menhir du pié du Causse, au col - Vissec
8. Menhir de Pioch Marty, dominant le Plan du Ceisse et les gorges de la Vis
    Saint-Maurice-Navacelles

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9. Menhir du Plan du Ceisse - Vissec
10. Plan du Ceisse - Vissec

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11. Avant dernier menhir du Plan du Ceisse, à l'entrée du couloir coudé - Vissec
12. Plan du Ceisse, et les meandres de la Vis - Le couloir coudé est visible en bas à gauche de
      la photo (c-IFN-n-34) - Vissec

Chemin de la Foux (source) en bleu, indiqué par des menhirs en rose,
passant par le couloir coudé en rouge


avec, au bord du Causse, un passage obligé vers un avant dernier menhir indiquant l’entrée d’un couloir coudé,

 Couloir coudé du Plan du Ceisse - Vissec


construit de 225 pierres plantées (celles encore conservées), comme un « passage obligé ». Peut-être un cheminement rituel ? Un lieu cultuel ?
Enfin, une dernière pierre plantée

Dernier menhir du Plan du Ceisse - Vissec

indique le début d’un chemin descendant, en pente douce, vers la Foux.

Chemin du Roc du Ceisse, conduisant à la Foux (résurgence de la Vis) - Vissec

La Foux - Gorges de la Vis - Vissec



Le couloir coudé :

Ce monument est limité par deux rangées de dalles plantées, espacées de 2 à 3 mètres environ.


Couloir coudé du Plan du Ceisse - Vissec

Il se dirige vers le sud-est sur une longueur de 122 mètres, puis s’incurve à angle droit vers le nord-est sur 156 mètres, en direction de la dernière pierre plantée, mentionnée ci-dessus, au bord des gorges de la Vis, et au départ d’un chemin descendant en pente douce sur la crête d’un serre, vers la résurgence de la rivière. Comme quatre chemins bornés par des menhirs convergent vers ce couloir, nous sommes tentés de trouver une certaine liaison entre les menhirs cités, les cercles de pierres plantées, et ce couloir coudé. D’autant plus qu’un autre chemin, permet de remonter sur le causse de Blandas en direction des cromlechs et menhirs de ce plateau calcaire. Autres voies à suivre…


Falaises des gorges de la Vis ; en face, le Causse de Blandas - Saint-Maurice-Navacelles


Les cercles de pierres :

Les 3 cercles contigus, déjà mentionnés, orientés sensiblement sud/nord, sont formés chacun d’un «mur» circulaire bâti d’un double parement de dalles dressées sur leur bord le plus long, et positionnées, en cercles concentriques, les unes à la suite des autres.

Cercle nord à mur construit avec un double parement de pierres plantées
Puech Doussieu - Pégairolles-de-l'Escalette

Ces 3 monuments sont disposés sur une surface à peu près plane, au sommet bien dégagé d’une petite colline dominant les environs, et renfermant, pour les deux plus grands, une structure rectangulaire.

Portion du cercle nord - Au fond, les Cévennes
Pégairolles-de-l'Escalette

Rappelons que ces cercles constitués de pierres dressées, se trouvent à proximité d’un chemin borné par des menhirs, conduisant au couloir coudé, puis à la Foux.

A l’intérieur du cercle situé le plus au nord, en plus de la structure rectangulaire déjà mentionnée, nous pouvons remarquer 4 grandes pierres (2 sont jumelées),

'Menhir double' - 3 dans le cercle nord
Pégairolles-de-l'Escalette

séparées les unes des autres par une distance de 8 mètres environ, et formant un triangle équilatéral. Sont visibles également 2 vestiges de structures de pierres dressées, dont il reste, pour chacune, un angle droit.

'Murs' à angle droit

A quelques dizaines de mètres se trouve 1 tumulus (tombe), probablement de l’âge du fer. Peut-on faire un rapprochement entre ces tumulus et les cercles ?

Ces monuments circulaires ont t’ils servi d’enclos pour les animaux, sont ils des fonds de cabanes, des lieux de repos pour les « pèlerins » se dirigeant vers la rivière, des lieux de cultes ou de cérémonies, ont-ils un rapport avec l’astronomie, le soleil, la lune… ? Aucun document archéologique n’a été découvert en surface, sauf 3 tables de broyage (de céréales) en granite et en basalte, assez courantes sur les sites pré et protohistoriques du lodévois. En dehors de recherches approfondies, ou de sondages que nous n’avons pas pratiqués, il est pour le moment impossible de répondre à ces questions.

Il est à noter la présence de 2 sources, à quelques centaines de mètres de ces cercles de pierres plantées. De nombreux fragments de poteries pré et protohistoriques ont été découvert à proximité.


Historique de ces découvertes :

Nombre de ces menhirs étaient déjà connus : par les propriétaires des terrains, des promeneurs, des chasseurs, des érudits locaux comme, Fulcran Hébrard, L. Vinas, Mathieu Carles, Mr Montifort, Gaston Bernard Arnal, Gaston Combarnous, Joseph Giry, Edouard Maistre… A partir de 1982, ma démarche a été d’en faire l’inventaire, complété par mes propres découvertes. Des centaines de kms sur le terrain. Le positionnement précis de chacun d’entre eux a été reporté sur une carte. Dans le même temps (plusieurs années), j’ai repéré le couloir coudé de Vissec, délimité par des pierres plantées, ainsi que les cercles de pierres de Pégairolles-de-l’Escalette. Je me suis posé une première question : une fois connue la position de tous les menhirs : si, depuis l’un d’entre eux, en l’imaginant redressé, on peut en voir un autre, puis de celui-ci, un autre encore, puis un nouveau, etc, il est évident que nous sommes sur une voie balisée, la réponse est OUI. Une seconde question se posait : y a-t’il un lien entre les menhirs, le couloir coudé, et la résurgence de la Vis (donc l’eau), là aussi, la réponse est, probablement, OUI. Il faut avoir parcouru, à pied, tout ces chemins, évidemment…

Gérard Mareau



 'Menhir' 1 et 2 dans le cercle nord - Pégairolles-de-l'Escalette


1        2

1. Menhir 'christianisé' de la Combe Azémar, sur une des voies balisées par des menhirs - Les-Rives
2. Menhir du Devois de la Trivalle, sur une autre voie - Saint-Privat-les-Salces


3   4

3. Menhirs de col. Nord des Conques Les Renardières, sur le chemin de Ferrussac Le Coulet - La Vacquerie
4. Cercle de pierres plantées (diamètre 160 mètres), d'Azirou - La Vacquerie





Sources :

Prospections, SUR LE TERRAIN, par les membres du GROUPE ARCHEOLOGIQUE LODEVOIS, depuis 1954.


ARNAL G.B., et le Groupe Archéologique Lodévois. Les mégalithes du lodévois. Le Bas-Lodévois. Cahiers Ligures de Préhistoire et d’Archéologie. T.10, pages 21 à 109. 1961. 


MAREAU G., BERTRAND P.M., ARNAL G.B.. Les Mégalithes du Lodévois (Hérault). Tome IV. Le Larzac méridional. Travaux du Groupe Archéologique Lodévois. Edité par la Charte Lodévois-Larzac. 2006


CARLES M.. Le Larzac Préhistorique. Compte-rendu de Conférence, Lodève. 1900



CARTAILLAC E. . Monuments Antiques du Languedoc. 1869



GIRY J. . Etude Préhistorique du Larzac Méridional. Bulletin Société Archéologique de Béziers, volume V, pages 71-73. Cartes de Répartitions des Sites Archéologiques du Larzac Méridional. 1939



VINAS L.. Mémoire sur les Monuments Druidiques de l’Arrondissement de Lodève. Compte-rendu des Assises Scientifiques de la Narbonnaise occidentale. 1866



COMBARNOUS G.. Un Pays de Dolmen au Cœur du Bas-Languedoc. Cahiers Ligures de Préhistoire et d’Archéologie. Tome IX, pages 3-93. 1960


A SUIVRE…










3 commentaires:

  1. Bonjour,
    Permettez quelques mots sur les mégalithes. Merci.
    Les premiers essais de construction de la jeune humanité ont été retrouvés partout. Ce sont les Dolmens (chambres de pierre) et les Menhirs, monolithes enfoncés en terre isolément, en allées ou en cercles, de dimensions parfois colossales.
    La destination des Dolmens et des Menhirs de l'époque néolithique a beaucoup préoccupé les savants, qui cherchent toujours dans l'humanité jeune des causes semblables à celles qui font agir l'humanité vieille. Pour retrouver la signification des choses matérielles, comme pour comprendre le sens des symboles, il faut apprendre à contempler le monde avec la naïveté de l'enfance et l'esprit de la jeunesse. On comprendra alors que les dolmens n'ont aucun rapport avec les sépultures, attendu que la jeunesse pense à la vie, non à la mort qui était un phénomène nouveau pour cette jeunesse primitive.
    Si les dolmens sont enfoncés dans le sol, ce ne fut pas pour y cacher les défunts, comme le font les modernes, c'est parce que la terre s'est élevée depuis qu'ils ont été construits ; ils étaient d'abord sur le sol, et non sous le sol, et les tumulus qui les recouvrent sont d'origine postérieure.
    On dit que le Men-hir druidique vient de Man-herr (homme seigneur) et le Dolmen de Doll-man (homme Seigneuresse), indication précieuse qui nous fait comprendre que les uns étaient destinés aux hommes et les autres aux femmes (Menhir a formé minaret).
    Les dolmens qui sont composés d'une ou de plusieurs chambres, généralement précédées d'un vestibule ou d'un couloir d'accès, sont la première ébauche des maisons et ont certainement été édifiés pour abriter la première famille, la Femme et l'enfant. C'est le premier nid de l'humanité, le nid de pierre, le Mégalithe.
    Non seulement la femme s'abrite, et abrite avec elle ses petits, mais elle cherche à les protéger contre les dangers du dehors. C'est pour cela que souvent les dolmens sont précédés d'une allée couverte, une sorte de galerie d'une certaine étendue.
    Quant aux menhirs destinés aux hommes, ce n'est qu'une pierre levée derrière laquelle ils s'abritaient ou se cachaient, c'est là que se pratiquait l'eummaïra.
    On a trouvé aussi des cromlechs, qui sont des enceintes composées de blocs décrivant des figures variées, des cercles, des ovales, des carrés, des rectangles, circonscrivant des espaces enclavés dans ces espèces de barrières, qui semblent être les terrains que les hommes ou les femmes se réservaient et dans lesquels sans doute ils ne laissaient pas pénétrer l'autre sexe. Les deux sexes ont eu dès la jeunesse une tendance à se séparer.
    On a trouvé des Mounds, tertres élevés que l'on suppose avoir été destinés aux « sacrifices » (Unions).
    Informations complémentaires :
    - Concernant les Mystères druidique, dans la Grande-Bretagne et dans la Gaule, on faisait des initiations symboliques dans des endroits circulaires ou ovales, destinés à représenter l'oeuf d'où tout vient.
    Les lieux d'initiation étaient découverts ; les cérémonies se faisaient à ciel ouvert.
    On devait les construire avec de la terre et des pierres brutes, non souillées par un outil métallique. Les métaux, le fer, étaient en abomination, parce que c'étaient les hommes ennemis qui les travaillaient et qui les faisaient servir à des arts abominables, à des crimes.
    - Les éclipses de lune furent découvertes par les anciennes druidesses, dans l'île de Grande-Bretagne, bien avant la période mythologique.
    Dans le Cornouailles était le fameux circle of stone de Biscawen, qui se compose de 19 pierres druidiques. Ce Cromlech servait à mesurer les mouvements luni-solaires, au moyen d'une aiguille qui avançait d'une pierre chaque année : de là le mot Meten (mesurer).
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.fr/
    Cordialement.

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  2. Bonjour, suite à l'article du Midi Libre évoquant une sortie le 11 juillet au départ de la Vernède, je souhaiterais y participer, comment s'y inscrire (deux personnes)? François FRANÇOIS.

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  3. Merci pour vos travaux !!! Et bienvenue au château de Vissec, ouvert gratuitement dans l'été... http://vissec.free.fr

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